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La dysplasie du coude

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    L'Ostéopathie Animale ...
  • 22 juin 2020
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 juin 2020

Hello les ostéopathes animaliers en herbe ! 🍃

J'espère que vous allez bien, on se retrouve aujourd'hui pour discuter à propos de la dysplasie du coude chez le chien comme vous me l'aviez demandé sur Instagram.

Comme d'habitude, n'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil à ma vidéo qui vous présentera succinctement le sujet et vous donnera le fil conducteur. C'est une pathologie assez complète et qui nécessite de ne pas perdre le fil entre les différents types d'affections qui la compose. Clique juste ici pour la visionner !


 


I - Anatomie du coude


L’articulation huméro-antébrachiale ou dite « coude » relie l’humérus qui est l’os du bras, au radius et à ulna étant les os de l’avant-bras.

C’est une articulation à charnière imparfaite chez le chien qui peut être subdivisée en deux articulations : l’articulation huméro-ulnaire et l’articulation huméro-radiale.

Autour de cette articulation, nous allons retrouver deux ligaments : - ligament collatéral médial (situé sur la face médiale) - ligament collatéral latéral (situé sur la face latérale)





Mais également des tendons très puissants qui vont contribuer à maintenir les os en place lors des mouvements de flexion et d’extension du coude.

On retrouvera les tendons de muscles suivants : - muscle biceps brachial - muscle brachial - muscle triceps brachial - muscle anconé - muscle extenseur du carpe - muscle extenseur des doigts



II - Mouvements du coude


Le coude est une articulation de type « ginglyme » c’est-à-dire qu’elle est spécialisée grâce à sa conformation dans les mouvements de flexion et d’extension. On parlera d’articulation imparfaite puisque comme chez l’homme, les carnivores peuvent effectuer de faibles mouvements de latéralité qui font défaut chez les ongulés qui eux, ont une articulation dite parfaite.

Support : Au sein de la vidéo pour pourrez observer les mouvements permis par le coude !

Lors de la flexion, l’avant-bras ne reste pas exactement sur le plan sagittal de sorte d’appréhender la rencontre avec le bras. Cette légère abduction augmente la possibilité de flexion en évitant à l’avant-bras d’être bloqué dans son mouvement par le bras. Lors de l’extension, on observera les mouvements inverses de ceux vus durant la flexion. L’extension est bien moins complète que chez l’homme puisque le chien à une ouverture maximale d’angle articulaire n’excédant pas 140°.


III - Les caractéristiques de la dysplasie


La dysplasie du coude est un trouble du développement de cette articulation qui à lieu lors de la croissance et qui va évoluer tout au long de la vie du chien. Comme la dysplasie de la hanche, pathologie beaucoup plus connue, la dysplasie du coude englobe plusieurs types d’affections engendrant de l’arthrose et une boiterie.

Ces 4 types d’affections peuvent être associés ou non, tout en sachant que l’un peut découler de l’autre. → Non union du processus encodé (NUPA) → Fragmentation du processus encodé de l’ulna (FPCM) → Ostéochondrite disséquante (OCD) du condyle médial de l’humérus → Incongruence articulaire (IA)

C’est une pathologie qui amène à une arthrose précoce, une détérioration du cartilage articulaire et une déformation ostéo-articulaire.


Rappel, qu’est-ce qu’une articulation ?

Une articulation est une zone de jonction entre les extrémités de deux os ou entre l’extrémité d’un os et d’une dent. Elle permet plus ou moins de mouvement selon sa conformation, sa constitution et les éléments qui la composent. Elle est entouré de ligaments qui permettent de relier les extrémités osseuses, de tendons qui relient l’os au muscle pour engendrer le mouvement, de synoviale qui est un liquide visqueux permettant le glissement correct des deux extrémités osseuses et la nutrition du cartilage articulaire recouvrant les extrémités osseuses afin de les protéger, enfin elle est également composé d’une capsule articulaire formant un manchon autour de l’articulation.


IV - Description des 4 types d’affections


Cette partie m'a semblé difficile à expliquer seulement par du texte. J'ai donc pris le temps de vous faire une vidéo afin de vous illustrer de façon plus ludique ces 4 types d'affection. Clique juste ici pour la visionner et mieux visualiser quels sont les éléments anatomiques qui portent un nom parfois barbare !


⇢ La NUPA :



Ce type d’affection touche principalement les chiens de grande taille.

La possession de deux centres d’ossification différents, l’un au niveau du processus anconé et l’autre au niveau proximal de l’ulna, peut engendrer un défaut d’ossification endochondral si ils ne fusionnent pas. C’est à 5 mois que ces centres d’ossification doivent fusionner, si ce n’est malheureusement pas le cas à 20 semaines nous parleront de NUPA.



Une incongruence articulaire peut également être à l’origine d’une NUPA.


Il semblerait que 3 gènes soient responsables de ce type d’affection atteignant entre 18 % et 30 % des Bergers Allemands. Qu’est-ce qu’un centre d’ossification ?

Les os d’un jeune individu vont s’ossifier avec le temps. En effet, les os vont d’abord grandir

avant de s’ossifier en passant d’un tissu fibreux ou cartilagineux à un tissu osseux. Il existe des centres d’ossification au sein des os, on parlera alors de centre d’ossification primaire, secondaire, tertiaire… (voir schéma) Ce sont ces centres d’ossification qui vont permettre aux os de s’ossifier et donc de devenir solides et matures, on parlera du remplacement des chondroblastes par les ostéoblastes.


La NUPA va donner une boiterie permanente plus ou moins sévère tout en permettant la conservation d’un appui. Elle sera bilatérale dans 11 % à 47 % des cas (différence selon les auteurs) et apparaîtra entre 5 mois et 12 mois de vie avec une augmentation de la sévérité en cas d’exercice.


⇢ La FPCM :


Ce type d’affection est la cause la plus fréquente des boiteries du membre antérieur chez le jeune chien de grande taille d’après des statistiques vétérinaires. L’atteinte du processus coronoïde médial peut être plus ou moins fragmenté ou mal ossifié en fonction du degré d’atteinte. C’est lorsque les fragments se détachent que le phénomène de douleur apparait mais, également si le ou les fragment(s) provoque(nt) des lésions sur d’autres structures articulaires.


La FPCM est liée à un défaut de croissance du radius. En effet, puisque le radius est trop court comparé à l’ulna cela va provoquer une incongruence articulaire créant une pression trop importante sur le processus coronoïde médial de l’ulna.



On la retrouve fréquemment chez le Labrador, le Rottweiler, le Golden Retriever, le Bouvier Bernois et le Terre Neuve. Elle a aussi été décrite chez le Shetland, le Beagle et le Pomeranian.


La pathologie peut être associée ou non à l’OCD et est plus fréquente chez le mâle que la femelle. Une boiterie permanente apparaitra entre 4 mois et 7 mois de vie permettant tout de même un appui et une foulée bien qu’elle soit réduite. Elle est bilatérale dans 50 % à 90 % des cas et donc d’autant plus difficile à diagnostiquer puisque la boiterie semble moins flagrante.


Il est généralement conseillé de faire enlever la souris articulaire via une arthroscopie pour le confort de l’animal dans un premier temps, mais également pour diminuer le processus inflammatoire sans cesse relancé via la création de nouvelles lésions intra-articulaires faites par la souris.


⇢ L’OCD du condyle médial de l’humérus :


Ce type d’affection va également commencer lors de la croissance du chien. L’ostéochondrite disséquante est une inflammation de l’os, ici du condyle médial de l’humérus, qui va provoquer la libération d’un bout de cartilage au sein de l’articulation, c’est ce qu’on appelle une souris articulaire. Des lésions du cartilage articulaire ainsi que la souris articulaire seront donc observables à la radio si la souris est ossifié.


L’apparition des symptômes se situe entre 5 mois et 7 mois et touche principalement les Labradors, Golden retrievers, Terre neuves, Rottweilers et Chowchow.

Une boiterie sera observable ainsi qu’un coude plus épais lors de la palpation. La flexion sera limitée à maximum 90° compte tenu de l’état de l’articulation qui peut être plus ou moins détérioré.

⇢ L’IA :



L’incongruence articulaire est le fait que les os mirent « bout à bout » formant une articulation n’ont pas une forme qui leur permet d’être en corrélation et donc d’effectuer des mouvements optimaux.


L’incongruence articulaire du coude peut être due à une croissance non-synchrone du radius et de l’ulna c’est-à-dire que l’un va être plus court que l’autre. Les pressions ne seront donc pas réparties équitablement sur les deux os, c’est l’os le plus long qui va supporter le plus de pression et subir potentiellement des dégradations telles que l’origine de FPCM de l’ulna (si le radius est trop court) ou une NUPA (si c’est l’ulna qui est trop court).



En outre, l’incongruence articulaire peut également être due à une mauvaise conformation de l’incisure ulnaire engendrant encore une fois des pressions inégales sur les surfaces articulaires créant à terme de l’arthrose.


Les signes commencent vers 5 mois à 7 mois, parfois plus tard, il n’y a pas de règle stricte concernant l’apparition des symptômes, le vivant est imprévisible !





V - Diagnostic et traitement


De manière générale, plus la prise en charge est précoce dans la vie de l’animal, notamment avant le développement de l’arthrose, meilleur est le pronostic.


Le diagnostic de ces types d’affections sera exclusivement vétérinaire, c’est-à-dire grâce à des radiographies qui permettront de confirmer ou au contraire d’infirmer une hypothèse de dysplasie du coude ainsi que la présence ou non d’arthrose qui accompagne la dysplasie.

Elle peut être pratiquée pour un diagnostic suite à une suspicion due à une boiterie ou dans le cadre d’un dépistage comme pour la dysplasie de la hanche.

Le scanner ou l’arthroscopie sont plus onéreux, mais également bien plus précis en cas de besoin de précision concernant les lésions articulaires présentes.

Le traitement sera aussi vétérinaire puisque ici la structure du ou des os est touchée, nous ostéopathe animalier n’avons donc pas notre place dans le traitement fondamental de la dysplasie du coude. Le chien pourra être amélioré par la chirurgie, cependant l’arthrose continuera à évoluer même si son évolution sera freinée.


Il sera recommandé :

- la surveillance du poids - la surveillance de l’activité physique - la physiothérapie telle que l’ostéopathie

VI - Notion d’hérédité


Une notion d’hérédité est mise en avant par des recherches vétérinaires permettant d’encourager la stérilisation afin de diminuer au maximum les individus atteints de cette pathologie. En effet, plus de 100 gènes ont été identifiés. Bien que les facteurs environnementaux comme l’obésité et/ou une alimentation inappropriée durant la croissance peuvent influencer le développement de la dysplasie du coude.

De ces études ressortent les indications suivantes :

- Ne pas faire reproduire les sujets atteints ou leurs parents

- Ne pas faire reproduire les frères de portée des sujets affectés

- Ne pas faire reproduire les descendants des sujets affectés

- Eviter de faire reproduire les secondes générations d’animaux affectés.


Pour rappel, ce sont principalement les races de grandes tailles ou moyenne taille, et/ou de poids élevés qui sont concernés par cette pathologie : - Rottweiler (FPCM) - Bouvier bernois - Golden retriever - Labrador (OCD) - Berger allemand (NUPA) - Saint bernard

- Cane Corso

- Mastiff

- Staffordshire Terrier

Liste non-exhaustive, évidemment !


L’affection est bilatérale dans près de 35 % des cas et affecte surtout des mâles.


VII - La place de l’ostéopathe animalier dans la dysplasie du coude


L’ostéopathie animalier ne va pas GUÉRIR la dysplasie du coude ! Cependant, il va pouvoir aider l’animal en lui apportant du confort via différentes techniques pouvant potentiellement aider à faire disparaître la boiterie et le besoin de médicaments.

D’une part, il pourra effectuer de légères décoaptations qui consistent à écarter les deux extrémités osseuses permettant de faire circuler la synoviale. La circulation de celle-ci va permettre d’améliorer sa qualité et donc celle du cartilage puisque c’est via la synoviale que le cartilage se nourrit.


D’autre part, de légers mouvements en forme de cercle appelés « circomductions » vont permettre de détendre les muscles avoisinants l’articulation du coude, mais également de ramener de la mobilité au coude pour encourager entre autre la proprioception du chien.


Enfin, comme dans de nombreux autres cas de pathologie, un animal en douleur est un animal qui prend une position antalgique. Celle-ci peut à long terme engendrer des blocages suite à une surcharge du membre controlatéral par exemple. Les blocages au niveau de la colonne vertébrale une fois levés vont permettre d’instaurer une meilleure irrigation et drainage du membre antérieur qui est indispensable pour l’apport de nutriments au niveau intra-articulaire, mais également pour l’évacuation des déchets qui s’accumulent dans l’articulation.

 

J'espère que ce post a été à la hauteur de vos attentes et qu'il vous a apprit des choses d'autant plus si un chien dans votre entourage en est atteint.


On se retrouve bientôt pour un nouveau post, d'ici là portez vous bien ! Ostéopathiquement. 🌸


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