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La Fourbure

  • Photo du rédacteur: L'Ostéopathie Animale ...
    L'Ostéopathie Animale ...
  • 23 mai 2020
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 juin 2020

Hello !


N'hésitez pas à aller voir ma vidéo à propos de la fourbure afin d'avoir une petite idée de ce dont je vais vous parler ! Clique juste ici !

Cela me fait plaisir de vous retrouver pour ce nouveau post, aujourd’hui on va parler pied et plus particulièrement fourbure.


Il est important pour moi de vous présenter ce sujet car il représente la 2ème cause d’euthanasie équine de nos jours après les coliques.


Il arrive que nous soyons appelés par le propriétaire d’un cheval fourbu, je vais donc vous expliquer pourquoi nous ne pourrons pas travailler sur la fourbure elle-même qui est du domaine vétérinaire. Mais nous pourrons potentiellement débloquer certaines zones dysfonctionnelles installées durant les crises de fourbure afin de soulager le cheval.

 

Un petit peu d’anatomie …


Le pied du cheval est composé de P2 qui est la deuxième phalange, de P3 qui est donc la troisième et de l’os naviculaire. Autour de ces os nous allons retrouver le podophylle ou chair feuilletée qui entoure P3, puis plus en surface le kéraphylle ou chair veloutée. Ces deux structures sont attachées tel un scratch de chaussure de façon extrêmement solide.


Sur cette image on observe une bascule distale (c’est-à-dire vers l’arrière) de P3. Celle-ci se rapproche donc de la sole jusqu’à aller parfois la perforer. Cette bascule va former une cavité entre le kéraphylle et le podophylle ainsi qu’une forme de sabot caractéristique car étant incurvée au niveau de la pince.

Nous ne rentrerons pas de façon plus pointue dans l’anatomie du pied, si jamais cela vous intéresse pour un prochain post n’hésitez pas à me le signifier en commentaire !




La fourbure, qu’est-ce-que c’est concrètement ?


La fourbure est une pododermatite aseptique diffuse qui se traduit par un désengrènement du complexe podophyle / kéraphylle.

Nous allons décortiquer tout ça car c’est assez scientifique comme définition ..!


Alors, une pododermatite aseptique est une inflammation du derme situé dans le pied sans présence de germes infectieux l’ayant induite.

Le mot « diffuse » signifiant simplement que cette inflammation va se propager dans le pied sans rester dans son simple foyer d’apparition.

Enfin, le désengrènement du complexe podophylle / kéraphylle en question n’est autre que le scratch de chaussure dont je vous ai parlé plus tôt, les structures vont alors être décollées.

Mais comment ? Une perturbation du réseau sanguin du pied va engendrer ce désengrènement. Ce sont les lamelles du podophylle et du kéraphylle qui permettent de faire cet effet de scratch qui vont être altérées et donc perdre leur pouvoir d’adhésion. P3 va alors perdre sa cohésion avec les lamelles et donc basculer distalement puisque le fléchisseur profond du doigt ou perforant va effectuer une traction sur la phalange.

Dans un cas sévère de fourbure, la phalange va aller jusqu’à s’effondrer et donc descendre dans la boîte cornée parfois même en allant jusqu’à perforer la sole.


Cette pathologie va toucher préférentiellement les antérieurs.


La fourbure peut se manifester de façon aiguë ou chronique. > Phase aiguë

Cette phase correspond à une première crise soudaine provoquant douleur et inflammation du pied.

Au niveau fonctionnel on observera un animal qui selon la sévérité du cas passera par 4 phases parfois en simplement quelques heures.

1 ) piétinement / allures étriquées 2 ) se déplace avec précaution : « marche sur des oeufs »

3 ) donne difficilement ses pieds, attitude campée et report de poids sur les talons 4 ) refus de se déplacer et de donner ses pieds, attitude couchée fréquente


> Phase chronique

Cette phase touche le cheval sur la durée et est manifestée par la bascule de l’os P3, c’est donc une gêne constante pour l’animal.

En effet, une fois que le cheval a fait une fourbure il est plus prédisposé à développer une fourbure chronique car les lamelles sont altérés et sont donc moins capables de lutter contres les contraintes mécaniques appliquées sur le pied lors de la locomotion. P3 ayant pivoté distalement dans le pied, la cavité entre le kéraphylle et le podophylle sera donc présent.


Quelles sont les causes d’une fourbure ?


Une fourbure peut être due à différents facteurs qui vont être regroupés en 4 catégories. > Fourbure de forme alimentaire

La fourbure ayant une origine alimentaire va être due à un déséquilibre de la flore microbiote du cheval qui est, rappelons-le, très importante puisqu’il va y avoir un travail de fermentation au sein du caecum afin de digérer la cellulose.

Ce déséquilibre va être dû à un apport massif de grains (nous connaissons tous un cheval qui arrive à s’échapper pour aller manger dans la réserve) ou d’herbe riche (herbe de printemps), on parlera alors d’atteinte endotoxinique.


Ce déséquilibre peut également arriver de façon plus progressive avec un cheval qui prend du poids au fur et à mesure du temps jusqu’à finir dans un état d’obésité.


Flore microbiote :

Les principaux micro-organismes qui composent le gros intestin (caecum, gros côlon, petit côlon et rectum) du cheval sont essentiellement des bactéries et des champignons. Comme dans toutes les espèces d’animaux herbivores, l’écosystème digestif est essentiel à la dégradation des constituants fibreux de la ration en nutriments énergétiques. Les fourrages, particulièrement riches en glucides pariétaux, principalement de la cellulose et des hémicelluloses, sont hydrolysés par les populations microbiennes du gros intestin.


Définition tirée de pommier-nutrition.com : Et si l’intestin des chevaux était aussi leur snd cerveau ?

> Fourbure de forme mécanique


L’origine mécanique est malheureusement plus vicieuse puisque nous sommes souvent aveuglés par un premier problème qui en cache un second… En effet, celle-ci va être due à un report de poids prolongé et important sur le membre « sain » suite à une suppression d’appui prolongé (fracture, arthrite septique, abcès de pied …), on parlera de fourbure d’appui. Prenons l’exemple d’un cheval présentant un abcès de pied sur l’antérieur droit. Le cheval va donc reporter son poids sur l’antérieur gauche afin de soulager celui qui lui est douloureux. Suite à la surcharge appliquée sur l’antérieur gauche, P3 va basculer, on parlera alors de fourbure.


Un travail prolongé sur sol dur pourra également induire une bascule de P3 suite aux contraintes répétées. En effet, sur un sol dur les structures du pied ne peuvent pas amortir les chocs correctement car le sol n’est pas déformable, on parlera alors de fourbure d’exercice.


> Fourbure de forme métabolique


La fourbure d’origine métabolique va être la conséquence d’une pathologie métabolique telle que la Maladie de Cushing chez les chevaux âgés ou le Syndrome Métabolique Equin (SME) chez les chevaux obèses.


Maladie métabolique :

Une maladie métabolique est un trouble médical qui affecte les métabolismes dans la cellule, en particulier la production d'énergie.

La plupart des maladies métaboliques sont génétiques, bien qu'un petit nombre d'entre elles soient "acquises" du fait du régime alimentaire, d'agents toxiques ou de toxines, d'infections, etc. Les maladies métaboliques génétiques sont également appelées maladies métaboliques congénitales.

Par exemple, le syndrome métabolique équin est une maladie endocrinienne favorisée par le surpoids et le manque d'exercice chez le cheval. Ce dernier devient alors résistant à l'insuline, une accumulation de glucose et d'insuline dans le sang apparaît. La principale complication mais extrêmement grave, est la fourbure.


> Fourbure de forme iatrogène


Cette forme est due à une administration de corticoïdes trop importante ou à un syndrome de Cushing. Lors de ce syndrome l’organisme sécrète en excès du cortisol étant une hormone anti-inflammatoire, donc indispensable lors d’une fourbure. Selon les statistiques la fourbure peut atteindre entre 50% et 80% des chevaux atteints de Cushing.


Quels animaux seront plus à risque de développer une fourbure ?


D’après les statistiques, les poneys sont les plus à risques notamment les races rustiques comme les shetlands car leurs besoins alimentaires sont très faibles et donc souvent dépassés : surpoids. Puis, les ânes, eux-même loin devant les chevaux de sport et plus particulièrement des sauteurs.


Il semblerait également que les femelles soient plus à risque que les mâles.

Les animaux ayant souffert ou souffrant actuellement de déséquilibres hormonaux suite à la Maladie de Cushing ou au Syndrome Métabolique Equin sont à surveiller de près (Cf. Forme métabolique de la fourbure).

Il en sera de même pour ceux qui sont atteints d’affections concomitantes telles que les coliques et / ou les métrites. Et bien-sûr … ceux qui sont en surpoids !


Comment reconnaître un animal atteint de fourbure ?


Un animal qui est atteint de fourbure sévère va refuser de se déplacer ainsi que de donner les pieds, pour cause, la douleur.

Un pouls digité et une chaleur au niveau de son pied seront perceptibles dus à l’inflammation du derme podal.

Et, au niveau de la pince on observera une forme incurvée de la boîte cornée (Cf. Un petit peu d’anatomie) avec une dépression du bourrelet coronal pendant la descente de P3.

Un animal atteint de fourbure au niveau des antérieurs présentera une posture sera caractéristique puisqu’il reportera son poids sur ses talons de façon exagérée (voir image). Il sera donc campé de l’avant et sous lui de l’arrière.



Comment prévenir la fourbure ?


Afin de prévenir la fourbure il sera important de gérer l’alimentation de son animal autant en quantité qu’en qualité afin d’éviter le surpoids. L’alimentation est un sujet à débat, grains ou non ? Si cela vous intéresse n’hésitez pas à me l’écrire en commentaire !

Il sera important également de maintenir les pieds en bonne santé avec un parage ou un ferrage régulier ainsi que les soins quotidiens (curage, graissage …).


Rôle de l’ostéopathe


L’ostéopathe n’interviendra pas directement sur la fourbure car cela sera du ressort du vétérinaire. Pourquoi ?

La structure est touchée c’est-à-dire qu’anatomiquement parlant il y a eu une bascule de P3. Il est important de rappeler qu’un ostéopathe n’interviendra pas si une structure est touchée (sauf cas exceptionnel vu par un vétérinaire auparavant) mais sur une fonction qui est altérée.


Alors, le vétérinaire va tout d’abord gérer l’animal qui est en douleur suite à l’inflammation.

Une fois que la phase aiguë passée est gérée par le vétérinaire, l’ostéopathe pourra venir intervenir. Si la santé physique de l’animal le permet il vérifiera si des dysfonctions sont présentes suite à la phase aiguë de la fourbure et les réglera dans le cas où cela n’handicaperait pas l’animal par la suite.

Par exemple, si un cheval a trouvé une position antalgique qui lui est indispensable pour ne pas souffrir, il sera délétère de régler les dysfonctions observées car cela lui enlèverait cette position anti-douleur dont il a besoin. C’est finalement comme si on enlevait une béquille à un blessé qui en a besoin pour se déplacer.


Votre maréchal-ferrant ou votre pareur seront parfois en capacité de récupérer cette descente de P3 avec des techniques de coupes particulières.


 

J’espère que ce post vous a plu et qu’il vous aura éclairé sur la fourbure. Nous entendons très souvent parler de cette pathologie mais finalement elle est complexe et il est important pour tous les cavaliers et propriétaires de chevaux de savoir comment elle se manifeste et doit être prise en charge. N’hésitez pas à me suivre sur les réseaux sociaux et cliquer sur le petit coeur si cet articule s’il vous a plu. Cela m’aide à savoir quel genre d’articles vous plait et m’encourage à continuer à vous écrire.


A bientôt !



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